Expo-Cannapix – Qollab

Exposition virtuelle - Cannapix

Avec le projet Cannapix, nous explorons, à travers leurs perspectives et leurs expériences, les enjeux de santé mentale des jeunes de la population LGBTQIA+ consommant du cannabis. 46 personnes LGBTQIA+ âgées de 15 à 24 ans ont pris des photographies afin de partager leur point de vue sur les enjeux de santé de mentale et sur la consommation de cannabis et, d’autre part, réfléchir à des avenues pour améliorer et adapter les services des santé offerts aux jeunes LGBTQIA+. Nous vous présentons ici ces réflexions à travers 4 thèmes : l’utilisation du cannabis pour s’apaiser, l’utilisation du cannabis pour réfléchir et faire de l’introspection, les effets négatifs de la consommation, et les enjeux de santé mentale.

En quête d'apaisement Introspection Je m'enfumes la tête Avalé.e : Dans le gouffre

Je me sentais anxieuse... le bois et la consommation m’aide à me relaxer.

Quand je rédige un devoir, si je ne fais pas quelque chose pour arrêter mon cerveau, je n’arrête pas d’y penser. Je ferme tous et je prends du cannabis.

Je prends du cannabis pour m’aider à soulager mon anxiété et les symptômes physiques qui l’accompagnent.

Le cannabis réduit vraiment mon anxiété avant que j’aille me coucher.

J'ai l'impression que la consommation de cannabis est parfois liée au fait de ralentir, d'être plus présent, de remarquer les choses, de faire partie du monde et d'être moins dans sa tête.

Consommer du cannabis avant une relation sexuelle, ça me permet justement d’être plus dans le moment présent, de me relâcher un peu plus. Ça me donne le droit de ne pas être obsédée par ce à quoi je ressemble dans ces moments-là.

Je compte sur le cannabis pour me donner un certain effet, une constance et une prévisibilité. J'aime prévoir mon état mental, et en tant que personne souffrant d'anxiété, c'est très difficile pour moi de le faire.

Le cannabis atténue complètement la paranoïa et l'anxiété que je ressens, ça me permet de me concentrer sur les petits détails.

Cette photo de cadre, très sobre, représente mon utilisation aujourd’hui de la weed, juste du CBD. Ça m’apporte une structure beaucoup plus que lorsque je fais du THC.

Petit à petit, j’ai réalisé que quand je fumais, toute mon anxiété n’était pas là. Avec le cannabis, c’était soit allégé ou ce n’était pas là, ou je n’y pensais pas.

C’est une façon de process, le trauma avec l’art et le pot.

le CBD, c’est la seule chose qui fonctionne en attendant de vraiment avoir une évaluation ou les soins nécessaires, pourquoi shame les personnes qui consomment du cannabis pour s’aider parce que c’est la seule chose qu’ils trouvent parce qu’ils n’ont aucune autre ressource?

Pour moi, le cannabis c’est comme un peu une sorte de médicament comme les autres, dans le sens que je l’utilise pour de l’anxiété ou pour des maux de tête.

Dans des moments où tu vas te sentir complètement étouffé et dépassé par les événements, moi de fumer du CBD, ça me permet de prendre du recul et de voir les choses d’un peu plus loin. Le CBD me permet aussi de faire désescalader des moments d’angoisse où j’ai l’impression que je ne vais jamais pouvoir m’en sortir.

On s’est fait un groupe non-cis, un safe space pour parler des enjeux d’être queer. C’était la première fois que j’allais à une de ces soirées-là. Ça a été un peu confrontant pour moi, parce que je suis une personne qui a de la difficulté à rencontrer de nouveaux gens. Quand je suis semi à l’aise, j’aime consommer un peu. Alors j’ai fumé un peu, rien pour être bien gelée, juste pour être chill.

J'ai un débat entre me médicamenter moi-même versus la médicamentation vraiment prescrite.

Je deviens plus créatif ou j’ai plus envie de bouger quand je consomme du cannabis.

Quand je suis défoncée, je suis dans le présent et je ne suis pas constamment en train de penser à ce qui va se passer, à de mauvaises pensées.

Les médicaments m’aident dans la journée, tandis que fumer m’aide avec l’anxiété avant de dormir.

Je consultais pour des agressions. J’ai commencé à avoir des flashbacks intenses et j’ai commencé à consommer vraiment plus.

À chaque fois que je consommais du cannabis, c’était un peu différent. C’était un peu comme une surprise, ce que ça allait donner.

J’ai toujours su que j’étais bi, mais c’est quand j’ai commencé à fumer que j’ai let go of shit et ça me tentait plus de come out, de le dire à personne… Ça ne regarde personne d’autre que moi

Fumer m’a un peu permis d’avoir du recul, de parler de certaines choses, par exemple I was able to have top surgery.

Comme j’étais toute seule, ça m’a forcé à faire énormément d’introspection et d’être seule avec mes pensées. Le cannabis m’a permis d’avancer dans ma croissance personnelle.

Depuis que j’ai commencé à fumer, j’ai commencé à avoir beaucoup de distance par rapport à la personne que j’étais avant de venir au Canada et à quel point j’essayais de rentrer dans ces normes. J’ai commencé à sentir comme si cette robe c’était pas moi, c’était quelqu’un d’autre qui la portait. Ça a beaucoup à voir avec ma remise en question de ma sexualité et mon expression de genre.

Quand on fume, on forme de nouvelles connexions, on comprend des événements qui se sont passés avec nous d’une manière différente. On voit les choses différemment, à travers de nouvelles lunettes.

Quand je consomme, j'ai plus de clarté dans mon imaginaire. J'essaie - à travers mon art et à travers différentes couleurs - d'exprimer cela, de le manifester et de le créer - parce que je crois que je me crée moi-même, dans mon apparence et dans ma façon d'être.

Quand je suis high, je regarde mon reflet et je suis souvent plus capable d'exprimer de l'amour de soi et de la confiance en soi qu'autrement.

Il y a beaucoup de monde dans la communauté qui sont consommateurs… Je ne sais pas pourquoi dans mon cas, ma consommation se mêle un peu avec la culture queer.

J’ai une expérience vraiment fade de la sexualité et de la bisexualité, en partie parce que mon autisme et mon anxiété rendent la création de liens quand même pas mal plus difficiles.

Cette photo représente un peu mon expérience de faire partie de la communauté LGBTQ+. D’un point de vue extérieur, si je ne mentionne pas que c’est le cas, bien il n’y a pas vraiment moyen de le savoir.

Sur cette photo-là, il y a un sens unique, puis un stop. C’est un espace dans la route qui est assez complexe parce qu’il y a différents panneaux, différentes voies d’accès. Comme le lien entre ma consommation et entre mon identité de genre.

Je trouvais que quand je consommais, je pouvais plus faire des introspections puis réfléchir, écrire.

Il y a tout ce brouillard identitaire de « qui est moi », et de comment je me mets face à l’autre, et donc je ne peux pas fumer depuis un bout de temps à cause de ce brouillard qui vient me troubler.

Je trouve le cannabis relaxant en termes de réflexion parce que ça me permet de me concentrer sur une seule chose à la fois.

Depuis la sixième année, je sais que je suis bisexuelle, mais c’est juste quand j’ai commencé à consommer que j’ai totalement «let go» et accepté qui j’étais. Ça suit avec la mentalité de ne pas s’inquiéter et de tout prendre relax qui vient avec le stéréotype du fumeur.

Je devais comprendre quelque chose à propos de ce sujet (les enfants autochtones disparus) par rapport à moi-même, à ma consommation et aussi à mes expériences pour comprendre aussi quelque chose de plus grand à propos de mon enfance et d'un sentiment d'appartenance au monde, que j'ai dû affronter à travers la marijuana.

J'ai une expérience plutôt négative de la religion en général. J'y travaille encore, et le cannabis m'a vraiment aidé à surmonter.

Mon appréciation des choses est plus grande quand j’ai consommé par rapport à quand je suis sobre.

J'utilisais le cannabis comme un moyen d'accepter ma sexualité et mon identité de genre.

Dans ces deux figurines-là, je vois un regard béat, une expression figée. On va prendre du cannabis pour se sentir plus léger, pour enjoliver notre réalité. Mais ça peut engourdir, désensibiliser à la longue.

C’est un dilemme entre se faire du bien, manger un super bon repas et fumer un peu de cannabis, puis en même temps s’encrasser les poumons, s’encrasser la tête.

J’ai l’impression que le weed me rend vraiment souvent amorphe. J’ai des phases de dépression où je consommais beaucoup.

Cette drogue encombrante.

Les yeux dans la graisse de bines.

Fumer c’était vraiment désorientant. Déjà dans la vie je ne suis pas quelqu’un qui a des repères très précis et très fixes, mais en plus quand je consomme du cannabis c’est vraiment plus dur pour moi de bien savoir qu’est-ce qui se passe là.

Cette photo est en lien avec l’anxiété que le cannabis me donnait, surtout socialement. Je ne me reconnaissais pas vraiment là-dedans, j’avais vraiment peur de comment les gens pouvaient me percevoir. Ça me donnait vraiment le goût d’aller me cacher…comme le petit oiseau qui est dans les arbres là.

Je pense que ma consommation ne m’aide pas toujours nécessairement. Je ne sais pas ce qui ne m’aide pas non plus. Il y a peut-être un lien qui se fait entre les périodes où je consomme beaucoup, puis l’état de mon chez moi.

Je ne pensais jamais que ma consommation allait augmenter justement si j’allais être seule. Au contraire, je pensais que ça allait faire l’inverse, que je n’allais plus consommer pantoute.

Fumer ça m’a fait prendre énormément de poids, ce qui a fait accentuer aussi mon anxiété puis mon mal-être intérieur.

Captive. Au début du confinement, j’étais dans une relation de violence conjugale avec une personne qui consommait beaucoup de cannabis. J’ai commencé à tout le temps fumer et j’ai remarqué que j’avais de la misère avec ma mémoire, ma motivation, mon sommeil, ma concentration. C’était aussi une époque de ma vie où je commençais à me poser beaucoup de questions sur mon identité sexuelle, mais j’étais avec une personne qui ne me permettait pas d’explorer ça.

Ce tiroir est représentatif de ma consommation qui est un peu éparpillée, qui n’est pas super saine pour moi.

L’excès : Le cendrier c’est le symbole de tout ce qui est crad, parce que tu vois que tout est brûlé, tu sais que tu as fumé tout ça. Ça commence à s’accumuler assez vite et c’est crad à regarder.

J'essaie de garder la nourriture loin de moi quand je suis défoncée. Parce que je deviens vorace et puis je me réveille et je me sens mal parce que je me dis "j'ai mangé un paquet entier de chips"

Les personnes blanches profitent d’une légalisation d’un produit qui a pourtant tellement nuit à beaucoup de personnes marginalisées, et qui nuit encore à ces personnes-là. Même si le cannabis est devenu légal, ils n’ont pas nécessairement obtenu pardon, ils ne sont pas forcément sortis de prison.

J’ai des troubles de comportement alimentaire quand je fume, ca me ramène toujours à ce problème-là de mon corps, parce que soit j’ai des énormes cravings, puis du coup je me mets à manger beaucoup plus, puis ca me met dans des états qui sont liés à ma maladie et qui vont pas bien.

J’ai une mémoire qui me joue des tours en général alors quand je fume, j’oublie tout. Je ne consomme pas régulièrement parce que je sais que ça peut avoir des effets négatifs sur la mémoire à long terme.

Quand je fumais, mon champ de vision était tout petit, je pouvais moins voir autour de moi. C’était vraiment restreint. Les lignes noires sur la photo, c’est un peu comme les barreaux d’une prison … Je me sentais pris dans ma consommation.

Tout d’un coup après avoir fumé le joint, il ne semblait vraiment pas feeler. Et en se levant, il est tombé.

J'ai une relation tumultueuse avec la nourriture. J’ai de la difficulté avec les munchies causés par le weed.

Des fois, je sens que je suis emprisonnée, je me sens coincée dans mon corps, dans ma personne.

Sans la thérapie, je ne serais pas rendue où je suis aujourd’hui dans mon parcours de «self love» et de comprendre comment je fonctionne. Aller voir quelqu’un pour parler de ses problèmes et de ses inquiétudes peut aider parce que la perception d’une personne extérieure peut être complètement différente de la sienne.

Il y a deux, trois semaines, je ne pourrais pas dire la date exacte… j’ai fait mon premier tour en voiture de police pour me rendre à l’hôpital.

J’ai commencé à chercher une psychologue et ça a été vraiment compliqué parce qu’en temps de COVID, c’est un peu l’enfer, parce que tout le monde a besoin de psychologues.

Cette photo montre le sentiment d’être sans repère dans le contexte de la pandémie avec des ressources sur la santé mentale qui sont difficiles d’accès. Le sentiment d’être dans le néant puis d’avoir des loops de pensées qui spiral down, puis de se sentir avalé·e par des vortexs.

Je vis dans un quartier plutôt résidentiel, et je sens que la santé mentale peut être un peu cachée. Il n’y a pas grand partie de mon environnement qui me connaît vraiment.

C’est un petit peu difficile des fois d’arrêter et de se turn off un peu la nuit. Par rapport au fait d’être une personne trans et le mégenrage dans ta journée, tout ça, l’espèce de stress de minorité, ce stress que je vis à chaque jour, des microagressions qui sont constantes.

La première fois que j’ai fumé quand j’étais au Canada. J’ai senti que j’étais toute petite devant cette grande ville et j’étais pas incluse. C’était beaucoup d’anxiété et beaucoup de claustrophobie d’être une parmi plein.

Je fumais plus seul parce je dois trouver des choses à faire et je me sens plus isolé. Genre je peux tout voir, mais j'ai l'impression d'être dans ce petit coin sombre tout seul.

J’aime ma mère mais elle est sexiste et homophobe. Il y a beaucoup de choses dont on ne peut pas parler, comme la maladie mentale.

J'ai écrit beaucoup de courriels pour trouver un psychologue, et je n'en ai pas encore trouvé un. Je suis toujours à la recherche.

C'est comme un jeu de cartes de santé mentale, ne pas savoir où on va être envoyé, être envoyé dans toutes les directions.

En tant que personne queer à faible revenu, il est plus difficile d'accéder aux ressources de santé mentale. Je dois gérer mes instabilités d'humeur par moi-même.